les marieuses Neggafat

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les entreprises vues de l’intérieur

a- les marieuses Neggafat

Organisées dans une corporation  -  la plus importante dont nous trouvons trace – dans la littérature ethnographique du début du siècle, ces femmes travaillaient en équipe de quatre gérée par une m’al’ma qui , selon l’importance de son patrimoine pouvait régner sur plusieurs compagnies. Une ou deux équipes d’hommes, essentiellement porteurs et gardiens du matériel, se joignaient à ce personnel.

Tenue par des affranchies équipées par leurs anciens maitres au départ, cette activité fera place successivement à des femmes fassies possédant leur propre financement, ou à des migrantes de longue date, à condition qu’elles soient reconnues par le corps de métier.

Présentes dans tous les évènements importants de la famille (baptême, circoncision, retour de pèlerins, décès et mariage) ces femmes étaient sollicitées à prendre part aussi aux cérémonies  officielles (réception des représentants du maghzen). Chaque année elles feront partie de cortège effectuant son avancée dans les rues de Fès à la mémoire du saint et fondateur de la ville, Moulay Driss. Agissant déjà en membre de la société civile,  elles participeront financièrement aux dons et offrandes fautes au saint par l’ensemble des corporations. Leur Abadait exposés à l’occasion, témoigneront de l’importance de la renommée des différentes compagnies. La publicité étant assurée c’était aussi l’opportunité à saisir pour toucher les rangs sociaux les plus élevés : notables et représentants du Makhzen, tous présents pour accueillir le cortège.

     Une éthique propre au métier ordonnait les relations, les droits et obligations de chacun. Selon cette éthique, les arrhes avancées par un client sont tout de suite versées au sanctuaire Moulay Driss, et ne vont jamais à la caisse commune de l’équipe. Une moitié de cette caisse reviendrait ensuite de droit à la patronne, l’autre moitié sera partagée entre les employées en fonction de leur réservé à leurs clientes d’origine chérifienne, aux orphelines, et à la noblesse appauvrie. Dans les cassites, les tarifs baissaient considérablement si les services n’étaient pas, tout simplement offerts.

      Toujours en respect de cette même déontologie ; aucune m’al’ma n’était autorisée à reprendre dans sa compagnie un membre exclu par l’une de ses consœurs. La rebelle récupérait toujours sa place à la suite d’un système d’arbitrage auquel participait l’ Amina en cas d’affaire grave.

     Cette solidarité caractéristique de la corporation ne reste en vigueur que chez les plus anciennes, faisant preuve par là d’un rejet systématique de la concurrence déloyale qui prendrait appui sur le détournement du personnel qualifié. Cette exigence de moralité était aussi appartient dans l’uniforme de l’activité, un uniforme sobre et saine coude mesure avec les tenues et parures que ces femmes manipulaient dans leur métier.

    Cependant, si encore de nos jours les exigences de moralité demeurent opérationnelles pour toutes les femmes, plusieurs autres conduites relatives à cette déontologie du métier sont déjà oubliées chez la nouvelle génération des marieuses, d’après le témoignage de leur Amina.

zakia salim

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