La participation de la femme à l’économie marocaine s’inscrit dans une tradition d’entreprise dont témoignent aussi bien les quelques écrits datant du Protectorat que les œuvres qui continuent d’alimenter l’imagination et les initiatives des jeunes dans le Maroc moderne.
Des femmes pionnière ont amorcé le mouvement, en créant au début du siècle leurs propres structures de travail, d’initiation et d’emploi dans la ville de Fès.
Davantage que de simple initiatives isolées et limitées, ces entreprises crées et gérées par les femmes apportaient des réponses aux besoins spécifiques à l’organisation sociale urbaine en couvrant plusieurs espaces de production symbolique, sociale, et économique.
Elles répandaient par la même occasion, à des normes rigoureuses de fonctionnement de recrutement et de rémunération, et vont marquer profondément le mode de présence de la femme dans l’espace économique et sociale à Fès. Cette ville médiévale qui s’est forgée à travers les siècles une personnalité ou des apports aussi divers que variés s’entremêlaient au quotidien, dans le geste le savoir et la parole des femmes. Ce sont les femmes qui ont cultivé ces apports en leur attribuant des formes, des couleurs, et des utilisations. Elles en feront aussi matière de leur entreprise, impulsées non par une quelconque idéologie féministe, mais par la nécessité de pouvoir elles-mêmes, aux besoins de leur famille.
Quelles sont ces entreprises? Et quelles sont les réponses apportées par leurs créatrices aux différents besoins du foyer urbain pendant le Protectorat ? Comment se présentait le leadership féminin de l’époque ? Et quelles nouvelles adaptations sont faites en réponse aux mutations qui ont affecté l’organisation du travail er de l’emploi féminin depuis l’indépendance ?
La réponse à ces interrogations ne serait être exhaustive. La difficulté d’évaluer la contribution de la femme au développement économique, s’associe à la pénurie des études sociologique consacrées à cette contribution, et à la quasi absence des documents relatant cette participation pour l’époque qui intéresse cette étude. Il s’agit plutôt, de poser quelques questions au débat actuel sur l’intégration de la femme au développement : slogan levé par certaines instances gouvernementales ou internationales œuvrant dans le pays, et repris sans beaucoup de prudence par le mouvement associatif. Débat à haut risque économiste, tant qu’il n’est pas resitué dans un contexte social, dans une tradition culturelle.
Mettre en lumière le mode particulier de présence des femmes dans la sphère publique au début du siècle, revient à inscrire cette présence dans une dynamique sociale ou les femmes tout en étant dépositaires de la tradition, ont amorcé le changement de l’intérieur même de cette tradition. Cette manière de poser la problématique de la participation économique de la femme au Maroc sous le Protectorat, se veut en rupture avec une image réductrice de son rôle et statue dans l’espace urbain de l’époque.
Davantage qu’une étude de l’extérieur, conformément à une certaine pratique de la science sociale, la réflexion autour de ces éléments se veut aussi une approche de l’intérieur : un témoignage, celui d’une femme. Il est donc opportun de rappeler que le Maroc indépendant, verra naitre toute une génération de femmes qui sera rapidement intégrée dans les circuits féminins d’apprentissage manuel et ce, parallèlement à son adhésion au projet scolaire.
Ce cadre de référence tradition-ajusté sans cesse et contrôlé par les femmes, continue de permettre à des centaines de jeunes diplômées, forcées de retourner au foyer, de créer leur propre emploi. Il donnera lieu à des initiatives s’inscrivant dans un registre à la fois identitaire (revalorisation et actualisation du patrimoine artisanal) et conjoncturel (réponse à la crise de l’emploi).
Deux sources principales alimenteront cette réflexion :
- Une enquête auprès d’une dizaine de femmes créatrices d’entreprises pendant les années trente et 40 dans la ville de Fès, dont l’objectif est d’enregistrer leur témoignage, de toucher de plus prêt, les mutations, les adaptations, et de marquer les résistances au changement dans les pratiques entreprenantes des jeunes générations.
- Une pratique de terrain au sein d’une ONG pour promouvoir l’entreprise féminine ; celle-ci permit de constater l’importance de ce legs dans les activités génératrices de revenus chez nouvelles génération, et à aider à découvrir nombre de besoins et de difficultés relatives à ces jeunes créatrices.
Zakia salim
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